Les manufactures
Le charbon et le fer
Le manque de ressources minières (il n’existait que quelques mines de charbon et de minerais de fer en petite quantité et de qualité inférieure), ainsi que la déforestation, ont privé l’Irlande des matières premières qui ont formé le socle de la révolution industrielle en Angleterre. L’émigration d’ouvriers vers les colonies américaines réduisit la main d’œuvre qualifiée disponible. Des forges artisanales travaillaient le fer importé (de Russie et d’Angleterre) pour fabriquer des pièces manufacturées de petite valeur (clous, outils agricoles).
Redressement productif irlandais

A – A Proposal for the universal use of Irish manufacture, in cloaths and furniture of houses / Jonathan Swift.- S.l. : s.n., 1737

B – A letter to the Dublin-Society on the improving their Funds and the Manufactures Tillage etc. in Ireland / Samuel Madden.- Dublin : G. Ewing, 1739
Établir des manufactures irlandaises qui puissent subvenir aux besoins domestiques et remplacer l’importation coûteuse de verrerie, de papier, de poterie, d’outils forgés était l’une des recommandations fréquentes. SWIFT écrivit plusieurs pamphlets, factuels ou satiriques, dénonçant les importations et encourageant la préférence nationale (doc. A). La Lettre adressée en 1739 à la Dublin Society à ce sujet porte sur la page de titre : « Ce pamphlet est imprimé sur du papier irlandais » (doc. B).
Le lainage – l’étoffe étouffée

C – A letter to a member of parliament from a country gentleman, concerning the growth of the wool, and the nature of the woollen trade in Ireland / Hiberno Britannus.- Dublin ; London, s. n., 1732
Les restrictions pesant sur le commerce (lois de navigation, droits de douane) firent émerger un commerce clandestin, notamment dans l’exportation de la laine, mais celle-ci ne compensa pas le manque à gagner, selon l’auteur anonyme HIBERNO BRITANNUS (doc. C, p. 8-9, et Une figure irlandaise majeure, Jonathan Swift). Alors que la production de laine périclitait en conséquence, le développement de l’industrie du lin dans le Nord-Est de l’île semblait prometteur : « Nous œuvrons sous tant de désavantages en matière de commerce, et l’on nous retient dans tant de branches, et pourtant, il reste encore une piste, qui, bien suivie, ne peut que nous rendre un peuple florissant, riche et heureux ! » (doc. D, p. 1).
Le lin – sauver le drapier

E – An Essay to encourage and extend the linen-manufacture in Ireland, by praemiums and other means / Thomas Prior.- Dublin : G. Faulkner, 1749
Tout comme pour l’agriculture et les céréales, des primes furent suggérées en 1749 pour encourager la fabrication du lin. La production artisanale du lin selon le modèle pré-industriel amenait les artisans-tisserands à vendre leur toile sur le marché public. La production industrielle en usines ne fut introduite que tardivement, et uniquement pour le lin non blanchi. Le lin cultivé était filé par les paysannes avant d’être acheté par les tisserands (doc. E, p. 56-57).

F – Reasons against the brown seals, and other late innovations in the linen trade.- Dublin: printed in the year, 1762
Le marché était contrôlé par une réglementation poussée, depuis l’achat de la matière première jusqu’à la vente sur le marché (vérification et apposition d’un sceau –brown seal– par un officier public, le linen master), dans l’esprit du protectionnisme anglais. Ces pratiques furent critiquées par les drapiers, parfois en vers (doc. F, p. 6-7, l. 95-104), s’élevant contre les règles déterminant une largeur et une longueur imposées pour les pièces finies, et tirant des conclusions politiques générales, dans la lignée de Swift, sur l’absence de liberté.