L’administration
Contrôle anglais

A – The Case of Ireland’s being bound by acts of Parliament in England, stated / William Molyneux, of Dublin.- 1719
Non seulement les contraintes économiques imposées par les mesures protectionnistes anglaises de la fin du 17e siècle entraînèrent des critiques politiques, mais elle provoquèrent aussi des justifications historiques. William MOLYNEUX (1656-1698) s’en fit l’écho dans The Case of Ireland’s Being Bound by Acts of Parliament in England, Stated, 1698 (doc. A, p. 88-89). La permission de frapper la monnaie souligna à nouveau le fait que les décisions de l’exécutif anglais prévalaient sur les décisions du Conseil d’état irlandais à Dublin (Royal patent from England v. Irish Privy Council), à tel point que SWIFT en conclut que « gouverner sans le consentement des gouvernés est la définition même de l’esclavage » (Draper’s Letters, no. 4) (doc. B).
Lois pénales du 17e siècle

C – The speakers speech to His Grace the Lord Lieutenant in the House of Lords, at presenting the money bill for the royal assent: on saturday the 16th day of june, 1705.- Dublin : Francis Dickson, 1705

D – A report from the Committee appointed to enquire into the state of the goals of the Kingdom of Ireland.- Dublin : Samuel Fairbrother ; London : T. Warner, 1729
Les lois pénales votées par le Parlement irlandais sous domination anglicane assuraient non seulement l’exclusion des catholiques de postes de l’administration, en vigueur en Angleterre et en Écosse (1607), mais aussi des amendes s’ils n’assistaient pas à la messe anglicane chaque dimanche. De plus, après la rébellion de 1641-1642 et l’invasion et la conquête menées par CROMWELL (1649-1653), la majorité des catholiques eut interdiction de siéger au Parlement. Après la rébellion jacobite et le Traité de Limerick (1691), pour siéger ou accepter une nomination dans les affaires du Royaume, il fallait jurer fidélité au monarque britannique, chef de l’Église anglicane, ce qui était intolérable non seulement pour les catholiques, mais également, à partir de 1707, pour de nombreux protestants non-anglicans (Quakers, Presbytériens notamment en Irlande) et par conséquent les excluait du corps politique. Le Parlement irlandais à Dublin, sous contrôle du Lord-Lieutenant d’Irlande, représentant du roi, exprimait sa fidélité au roi britannique et protestant (doc. C), comme le montre le rapport sur les prisons en Irlande ordonné par la Chambre des députés à Dublin (doc. D).
L’ascendance anglicane du 18e siècle
Par une série de lois votées par le parlement irlandais, dominé par les propriétaires terriens protestants, les catholiques furent dessaisis de tout droit civique – droit de vote, droit d’exercer la profession d’avocat ou de juge, droit à l’éducation à l’étranger, droit à l’enseignement supérieur ou droit de construire des écoles élémentaires en pierre, droit d’hériter ou de léguer la propriété librement, droit de s’occuper d’orphelins, droit de posséder un cheval. Ce n’est qu’à partir de 1775 que des mesures accordant des exceptions furent introduites, culminant en 1828-1829 avec l’Émancipation des catholiques et des protestants non-anglicans (Dissenters) en Angleterre, en Écosse et en Irlande.
Le lien entre propriété et pouvoir
« L’état de l’Irlande a été à plusieurs points véritablement particulier. Les protestants, qui étaient les moins nombreux, détenaient les terres et le pouvoir ; tandis que les catholiques, tout en étant les plus nombreux, n’avaient ni pouvoir ni terres. On a considéré nécessaire de soutenir les protestants, de peur que les catholiques s’emparent du pouvoir, et donc des terres : ainsi, une grande oppression s’est imposée à l’époque révolue. » (doc. E, p. 52-53).