L’Union de 1801

Donner une voix aux Irlandais

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2354

A – A proposal for uniting the kingdoms of Great Britain and Ireland / Wills Hill Downshire.- London : A. Millar, 1751

Pour résoudre les problèmes économiques et politiques, dès le milieu du 18e siècle (doc. A, p. 4-5), la solution proposée fut l’union douanière et politique, par l’unification des deux parlements, ou, plus exactement, l’envoi de députés irlandais au parlement de Westminster et l’abrogation du Parlement à Dublin. Les intérêts irlandais seraient ainsi représentés dans les débats et les mesures ainsi votées à Londres ne pourraient plus être discutées par les Irlandais.

 

Moteur de développement économique

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2015

C – The Political, commercial, and civil, state of Ireland / James Stanier Clarke.- London, 1799

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2453

B – Britain’s commercial interest explained and improved / Malachy Postlethwayt.- London : D. Browne, 1757

Les avantages accrus seraient également financiers, car, si le commerce irlandais profitait de l’union, Malachy POSTLETHWAYT proposait de partager les bénéfices (doc. B,  p. 275-276). Dans The Political, commercial, and civil, state of Ireland (doc. C, p. 48-49), le Révérend CLARKE défendit l’Union politique de l’Irlande avec l’Angleterre. Il souligna l’état miséreux de la population condamnée à la subsistance et loua les bienfaits de l’industrie et de l’exportation, ce qui permettrait, dans un cercle vertueux, une augmentation de la population.

 

L’Irlande et l’émergence de l’économie politique et de la démographie

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2014

D – An essay on the principle of population / Thomas Malthus.- London : J. Johnson, 1798

Comme d’autres auteurs avant lui – en premier, William PETTY (1664), mais aussi Arthur YOUNG (1779), – CLARKE essaya d’expliquer la faible densité de population en Irlande (4 millions) en comparaison avec l’Angleterre, en évoquant la culture de la pomme de terre, les rentes, les bas salaires et l’émigration comme causes. Il semble faire écho aux principes de démographie énoncés par Thomas MALTHUS, l’année précédente (doc. D).

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2418

F – Political arithmetick / William Petty.- London : R. Clavel, H. Mortlock, 1690

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 255

G – An inquiry into the nature and causes of the wealth of nations / Adam Smith.- London : W. Strahan, T. Cadell, 1776

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 1999

H – Reflections on the present matters in dispute between Great Britain and Ireland / Josiah Tucker.- London : T. Cadell, 1785

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 378

E – The Political anatomy of Ireland / William Petty.- London : D. Brown and W. Rogers, 1691

Les réflexions sur l’état de l’Irlande ne peuvent avoir été ignorées dans la formulation des idées qui contribuèrent à l’émergence de ces deux nouvelles sciences, l’économie politique et la démographie, et ont certainement dû influencer les théories élaborées. À l’inverse, celles-ci ont contribué au débat. Les bases de la statistique, « l’arithmétique politique », furent établies par William PETTY, qui, après avoir énuméré les biens irlandais et anglais en 1664 (doc. E), se lança dans des considérations plus générales en 1690 (doc. F). CLARKE cita Adam SMITH (doc. G) et Josiah TUCKER (doc. H).

 

Lutte contre les privilèges

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2015

I- The Political, commercial, and civil, state of Ireland / James Stanier Clarke.- London : J. Hatchard & J. Wright & Revington, 1799

L’exemplaire dans le Fonds Dubois (doc. I) de l’ouvrage du Dr CLARKE, chapelain du Prince de Galles, présente une inscription « à l’intention du Lord-Évêque de Llandaff avec les respects du Dr. Clarke ». L’évêque anglican de Llandaff, Richard WATSON (1737-1816), était professeur de chimie puis de théologie à l’Université de Cambridge, membre de la Royal Society. L’évêque défendait les thèses de l’Église anglicane établie contre les pour-fondeurs de privilège et de l’intolérance, tel que Thomas PAINE, et condamna la Révolution française.

Paradoxalement, en vue de cette dédicace, l’ouvrage de CLARKE défend les thèses en faveur de l’Union des parlements irlandais et anglais car, d’après lui, elle aurait un effet libérateur. Il accuse Dublin (et l’élite anglaise) de vouloir garder pour elle les avantages du commerce au détriment du pays entier, et le parlement et la classe politique irlandaise de corruption et de monopole (p. 40-41). Il montre les avantages de l’Union de l’Angleterre et de l’Écosse en 1701 avec à l’appui des statistiques du commerce, et prévoit le développement de l’Irlande dans son ensemble comme conséquence directe de l’union politique. On ne sait ce que pensa l’Évêque du fait qu’un chapelain de la maison royale puisse exposer l’idée que le libre marché et la liberté politique était liés.

 

Prévenir d’autres rébellions

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FAP 4374

J – Réflexions sur la Révolution de France / Edmund Burke.- Paris : Laurent fils ; Londres : Edward Pall Mall, c. 1790

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, HAp 24

K – Trois Mémoires sur les affaires de France. Écrits dans les années 1791, 1792 et 1793.- Londres : T. Baylis, Dulau & Co., Deboffe, L’Homme, 1797

Après le soulèvement des Irlandais unis et l’envoi de troupes françaises en 1798, suivis d’une répression (tout comme en Angleterre où les membres des sociétés radicales furent arrêtés dès 1794), le gouvernement britannique chercha comment désamorcer le mécontentement.

L’Union fournirait un remède contre les possibilités de rébellion, voire de révolution, du « barbarisme contagieux » inspiré par « les arguments fallacieux mais rusé d’hommes plausibles, et les sombres doctrines de traîtres ». CLARKE, comme le Lord Evêque de Llandaff (à qui il adressa l’exemplaire du livre conservé dans le Fonds Dubois), se rangeait du côté des défenseurs du statut quo, s’opposant en pratique et en théorie à la Révolution française, comme par exemple l’anglo-irlandais Edmund BURKE (1729-1797), auteur de Réflexions sur la Révolution française (doc. J) et de Trois Mémoires sur les affaires de France (doc. K), et le premier ministre britannique William PITT (1759-1806).

 

Contre-arguments

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2017

L – An examination into the principles contained in a panphlet entitled « the speech of Lord Minto / Barry.- Dublin : J. Moore, [s.d.]

Certains maintenaient qu’à Westminster l’éloignement des affaires de l’Irlande ne pourrait pas garantir une impartialité parfaite et que la majorité « britannique » servirait en premier les intérêts du pays qu’elle représentait (doc. L). D’autre part, Arthur YOUNG rapporta qu’à la fin des années 1770, l’union avec la Grande Bretagne était fortement impopulaire en Irlande, car on objectait qu’elle allait encore augmenter le nombre de propriétaires terriens absents, drainant ainsi encore plus de richesses, que le libre-échange obtenu en contrepartie ne compenserait pas.

 

L’Acte d’Union (1800) créa le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et de l’Irlande

Par cette loi, cent députés irlandais furent admis à siéger à la Chambre des Communes, et trente-deux Pairs, ainsi que quatre évêques anglicans à la Chambre des Lords. L’union fut symbolisée par le drapeau britannique qui incorpora à partir de cet instant la croix de Saint Patrick. L’acte d’Union mit fin au Parlement irlandais qui existait depuis le 13e siècle et qui au 18e siècle était devenu un instrument de domination anglicane. L’Union est considérée comme l’acte fondateur pour l’expansion impériale britannique du 19e siècle. Elle ne mit cependant pas fin aux maux économiques, sociaux et politiques de l’Irlande, dont témoigne les ouvrages du Fonds Dubois, et qui aboutirent, au 19e siècle, à une calamité encore plus grande, la Grande Famine (1846-1851).

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